Méthode d'investissement

07/07/2021
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La crise que nous avons vécu cette année m'a convaincu du bien-fondé de la méthode d'investissement que j'utilise pour construire et gérer les portefeuilles de mes clients.
Elle repose sur des principes simples et clairs qui exigent du temps pour chaque client, des relations dans le monde de la gestion, du recul sur les évènements -donc de l'expérience- et biensûr du sang-froid et une part de chance.
 
Un portefeuille n'est pas moins qu'un empilement de supports plus ou moins risqués (actions, obligations, OPCVM...) que l'on additionne pour obtenir une performance moyenne annualisée la plus optimisée possible. Je ne parle pas là des traders qui font des coups et qui achètent/vendent pour spéculer. Je veux parler d'une gestion personnalisée pérenne, qui résulte d'une analyse de risque du client et qui demande un suivi dans la durée.
 
La définition de votre objectif ainsi que la disponibilité des fonds (liquidité du portefeuille) doivent être les deux variables corollaires à la construction d'un portefeuille. Si votre appétit pour le risque, et donc votre espérance de gain, ne sont pas clairement définis, vous pouvez placer votre argent sur un Livret (ou sur le fonds euro d'un contrat d'assurance-vie) car vous ne serez jamais satisfait par le résultat quel qu'il soit.
 
Ensuite, vous devez définir l'enveloppe (Assurance-vie, PEA/PEA-PME, PER, FIP-FCPI-FCPR) dans laquelle vous souhaitez investir : la fiscalité des intérêts (1) ainsi que les frais (2) sont propres à chaque véhicule d'investissement.
 
(1) La loi Macron du 13 octobre 2017 a eu pour but d'uniformiser la fiscalité sur les placements mobiliers (intérêts, dividendes et plus-values des livrets, assurance-vie, comptes-titres...) en instaurant une flat-tax de 30% (intégrant les prélèvements sociaux de 17,2%) en cas de rachat. Le PEA, lui, reste à 17,2% à la sortie mais vous devez le garder au minimum 5 ans. Les FIP-FCPI sont souvent considérés comme des véhicules fiscaux qui procurent une réduction d'impôt (25% en 2020) sur les versements en échange d'un risque actions important et d'une durée de détention minimum de 5 ans. 
 
(2) Il y a 3 types de frais lorsque vous souscrivez à un OPCVM : les frais d'entrée (0 chez Chillaz Conseil), les frais d'arbitrage (il faut qu'ils soient forfaitaires au détriment du % qui n'enrichissent que le CGP) et les frais de gestion prélevés chaque année sur l'encours (moins de 1% pour les fonds obligataires, entre 1,5% et 2,5% pour les fonds actions).
Il faut bien comprendre que les frais rémunèrent le conseil du CGP. Pour ma part, les frais de gestion indolores pour le client (qui les paie de toute façon) sont largement suffisants pour me rémunérer. L'exonération des frais d'entrée et d'arbitrage vont dans l'intérêt du client.
 
Un point sur les trackers (gestion passive) qui répliquent la performance d'un indice : ces véhicules ne présentent aucun intérêt pour un client qui a pour objectif de battre les indices mais aussi pour le gérant privé dont la réelle motivation est de faire grossir ses encours par le conseil en sélection de fonds. Il est vrai que leurs frais de gestion de gestion sont très faibles (de 0,1% à 0,5% en fonction du risque pris) mais ils subissent de plein fouet les variations des indices... 
 
L'argument comme quoi les OPCVM battent rarement leur indice de référence est recevable mais très imparfait : pour exemple, MONETA MULTI CAPS (fonds actions France) fait +150% sur 10 ans contre +50% pour le CAC40 sur la même période. La compétence dans la sélection de fonds et son suivi est donc primordiale sur la durée.
 
Plus les performances des clients sont en phase avec leur appétit pour le risque et leur objectif de performance, plus les encours du CGP évoluent de façon vertueuse. Cette saine relation de donnant-donnant créé une relation de confiance entre le CGP et son client dans la durée. Encore faut-il que le CGP Gérant Privé fasse passer l'intérêt de ses clients avant sa propre rémunération...
 
J'exclus donc les CGP commerciaux, qui vendent soit de l'immobilier à titre principal, soit des produits structurés qui enrichissent surtout le concepteur du fonds et le CGP (upside important à l'entrée) soit des fonds proposés à leurs clients uniquement en fonction du montant des frais de gestion...
 
Les mandats de gestion (entre 0,5% et 1% de frais de gestion supplémentaires) sont aussi une manière pour le CGP de se décharger de la gestion soit car il n'a plus de temps à consacrer à cet exercice, soit car il ne souhaite pas prendre de risque et engager sa responsabilité soit car il ne connait pas la matière.
 
Je n'ai aussi jamais pu me faire à l'idée de prendre des honoraires (de suivi/de performance) à un client. En effet, comment imaginer faire payer ce travail si les performances sont négatives ? Le client ne gagne pas mais en plus, vous en rajoutez une couche... Comment les fixer chaque année ?
 
Je suis cependant plus à l'aise sur ce type de facturation pour des métiers de conseil (en optimisation fiscale, sur la problématique du chef d'entreprise...), où le temps passé n'aboutit pas forcément à la conclusion d'un acte financier.
 
La Gestion Privée est donc un métier qui doit être exercer à titre exclusif par le gérant pour répondre aux objectifs financiers de ses clients.
La sélection de fonds pour un CGP reste le travail "caché" le plus contributeur de performances pour le client. Il s'agit non seulement de déceler les fonds les plus réguliers dans la durée (stratégie Momentum) mais aussi ceux dont le potentiel n'a pas encore été exprimé (pépites). Comme une action qui stagne depuis des années et qui, suite à un évènement, trouve enfin grâce aux yeux des investisseurs...
 
Il s'agit le plus souvent d'un gérant qui reprend en main un fonds (IDAM SMALL FRANCE), d'une classe d'actifs délaissée qui retrouve la lumière (gestion Value), de la création d'un fonds thématique au bon moment (PICTET AM), ou tout simplement d'une équipe de gestion de qualité qui surprend dans la durée (H2O AM)... 
La question des frais de gestion des fonds est primordiale car ils peuvent grever la performance de façon importante. L'objectif du CGP n'est pas forcement d'opérer une sélection en fonction de ce seul critère, même si certains le font passer comme critère principal dans leur sélection (cf supra CGP commerciaux) ... Il s'agit de compiler volatilité et performances passées du fonds pour ensuite vérifier le niveau soutenable de frais.
 
Que préférez-vous au final ? Gagner 100% en 10 ans avec 2% de frais (OPCVM) ou 50% avec 0,5% de frais (tracker) sur la même période ? La réponse est dans la question.
La mission implicite du CGP est aussi de confronter les offres en présence (plus de 8000 fonds en France).
 
Rencontrer et suivre les gérants de ces fonds pour s'imprégner de leurs méthodes et de leurs stratégies est indispensable pour saisir les opportunités et décider du timing d'entrée, très important sur la durée.
Marchés émergents, small/big caps, France/Europe/USA, thématiques, oblig, fonds flexibles/patrimoniaux/absolute Return : le choix est immense et la classe d'actifs un choix primordiale pour la performance future.
 
Quand on sait que le monétaire et l'obligataire n'offre plus d'alternative crédible dans une allocation prudente, quelles autres possibilités que le fonds euro et les actions restent-ils ?
Le principal problème réside essentiellement dans la très faible rémunération du fonds euro (1% par an)... J'entends souvent : "1% c'est faible mais au moins je ne perds pas !"
Quel est le plus important pour vous ? Ne rien gagner inflation oblige ou prendre un risque mesuré avec des performances "souvent" positives sur le long terme ? Beaucoup ont déjà répondu à cette question : sur les 1750 milliards d'encours en Assurance-vie, près de 65% sont investis en fonds en euro !
 
Biensûr le fonds en euro joue encore un rôle de super-livret, de placement court terme, de liquidités mieux rémunérées que sur votre compte courant/Livret A mais qu'en est-il des millions de français qui le conserve des années soit car ils ont déjà été échaudés par les crises passées en 2000, 2008, 2011, 2018 et 2020 ou car ils ne reçoivent aucun conseil personnalisé d'allocation ?
Investir en Bourse n'est pas jouer à la roulette russe comme je l'entends souvent, ce n'est pas aussi blanc ou noir : même si elle est irrationnelle et imprévisible, elle requiert patience et courage dans les crises, ce qui rémunèrent votre risque dans la durée. Aujourd'hui, au regard du niveau des taux d'intérêt, vous ne pouvez pas obtenir de la performance sans risque et sans horizon de placement défini.
 
Enfin, un petit mot sur les Banques qui restent, vous l'aurez deviné, le principal concurrent des CGP : elles offrent sécurité, pérennité, accueil physique, remplacement du conseiller en cas de départ, crédits/facilité de caisse/découverts. Mais, derrière ce décor, qu'en est-il des performances souvent industrialisées de leurs fonds et la qualité du conseil d'allocation ? de la stabilité de la relation et de la disponibilité de votre conseiller ? Des frais prélevés sans transparence à l'entrée ?
 
Il faut bien comprendre que les conseillers travaillent au service de la Banque, les CGP dans l'intérêt de leurs clients !
 
L'approche est fondamentale pour expliquer ces comportements.
 
Emmanuel de Chillaz